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Document et média - 11 mai 2020

Editorial de la responsabilité syndicale

Laissez-les agir et nous on s’opposera » tels sont les propos qui sont souvent entendus de la part de syndicalistes de tous bords face aux comportements du gouvernement qui ne prend guère en compte les contributions du mouvement syndical pour la bonne marche de la cité. Exaspération ou défi ? C’est selon et pour cause.
Né en Europe (Royaume Uni, Allemagne ou France), dans les années 1880, sous sa forme moderne actuelle, le syndicalisme est le résultat de la révolution industrielle, ainsi que de changements démographiques, politiques et surtout idéologiques. Face aux difficiles conditions de vie et de travail, la classe ouvrière ou prolétarienne, engagera des luttes qui sous l’influence de doctrines, courants mentaliste et idéologique de l’époque donneront naissance à deux grands courants syndicaux: le syndicalisme révolutionnaire de lutte de classes, d’obédience communiste et le syndicalisme réformiste d’obédience chrétienne. Du courant révolutionnaire, naitra un troisième courant, réformiste se réclamant du syndicalisme libre et indépendant et ses variantes.
A ce jour pour une grande lisibilité du mouvement syndical, on distingue deux grands groupes :
-Le syndicalisme de revendication et d’opposition, qui se définit comme un syndicalisme révolutionnaire de lutte de classe, internationaliste.
La forme anarchiste, communiste, syndicaliste révolutionnaire appartient à ce courant.
-Le syndicalisme de revendication et de contribution, d’obédience réformiste, qui ne rejette pas le système dans son entièreté mais veut le reformer dans son volet économique pour en tirer le maximum d’avantages sociaux pour les travailleurs.
Ces syndicats sont modérément politisés. De par ce regroupement, on comprend aisément quel sens chaque groupe donne aux propos cités dans l’introduction.
Rejet du système et manœuvre pour sa chute par le premier groupe, tandis que interpellation et besoin de participation par le second, il demeure une réalité indéniable:chaque organisation syndicale a dans son fond de tiroir, un projet de société dans lequel elle aspire voir vivre ses militants au-delà des professions de foi d’apolitisme inscrit dans ses textes fondamentaux et qui consacrent l’indépendance syndicale.

« Un syndicaliste ne doit pas ignorer la situation économique et financière de son pays ».

Et nous voilà en plein dans un sujet tabou pour certains prétendus puristes syndicaux et politiques, à savoir le syndicalisme et la politique.
Si, de par leurs définitions, basées sur leurs vocations, les deux concepts sont différents, il n’en demeure pas moins que des zones de convergence existent entre eux: le social et la politique. Le syndicaliste est aussi un citoyen qui a le droit de s’intéresser à la chose politique et le politique a le devoir d’intervenir dans le social.
L’interférence de chacun dans le prétendu terrain de l’autre peut s’avérer fructueuse si un esprit de concertation, de consultation, d’échange d’information sur les questions socio-économiques entre les deux s’effectue de manière sincère. Dans le cas contraire, c’est la conflictualité permanente avec son corollaire de gâchis sur le plan économique et social.
Dans le cas de notre pays, confronté au défi du développement, dans un contexte marqué par l’insécurité, le terrorisme et autres fléaux plus ou moins dommageables, la première voie, à savoir celle du dialogue social, nous semble être la meilleure, malgré les frustrations qu’elle occasionne parfois. Il est de la responsabilité du mouvement syndical burkinabè de faire sienne cette réflexion du professeur Laya Sawadogo qui disait ceci dans un de ses articles sur le syndicalisme: « Si la défense des intérêts matériaux et moraux demeure la mission de tout syndicat, on, peut néanmoins dire que les syndicats ont, chacun dans son fonds documentaire, un choix de société qui reflète le contenu et la forme de ses revendications […] .Le fait revendicatif ne doit pas forcément conduire à l’affrontement. A mon avis, le syndicaliste doit aller à la table de négociation en ayant à l’esprit l’intérêt réciproque des deux camps : son propre intérêt et celui de son interlocuteur. C’est pourquoi, il convient d’aller en négociation en ayant à l’esprit que chacun des deux camps a le droit de gagner. Ce qui suppose des concessions de part et d’autre. En d’autres termes, un syndicaliste ne doit pas ignorer la situation économique et financière de son pays. L’autorité ne doit pas non plus fermer les yeux sur les conditions socioprofessionnelles des travailleurs ».
Quel que soit le courant syndical, le dialogue social est un impératif si nous voulons vivre et gagner ensemble.
OOG
Légende : Guy Olivier Ouédraogo, SG de la Confédération Syndicale Burkinabè

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